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Élaboré par le ministre de la Justice, Alberto Ruíz Gallardón, le projet de loi du gouvernement espagnol est destiné à remplacer la précédente loi sur l’IVG en vigueur en Espagne depuis 2010.

Ce sont trente ans de combats et de conquêtes féministes qui sont rayés d’un coup ; ce projet de loi sera présenté aux Cortes, où les députés de droite ont la majorité. Le vote définitif sera donc une simple formalité pour le Parti populaire actuellement au pouvoir. Nom de cette loi : loi organique de protection de la vie de l’être conçu et des droits de la femme enceinte. La vie de l’être conçu ? On devine aisément la patte de l’Église catholique, dont Gallardón est un fidèle relais. Les droits de la femme enceinte ? La seule chose que l’on peut constater, c’est la volonté de nous infantiliser comme aux plus beaux jours de la dictature franquiste et du national-catholicisme triomphant.
Concrètement, l’IVG redevient un délit, sauf dans deux cas très précis (et restrictifs) : le viol (douze semaines pour pratiquer l’avortement) et la mise en danger de la vie ou de la santé physique ou psychique de la femme (délai porté à vingt-deux semaines). Danger qui sera évalué par des « spécialistes en médecine », suivant un processus des plus bureaucratiques.
Malformations ou maladies du fœtus ne seront plus des motifs légaux pour avorter. Par contre, les effets psychologiques qu’elles provoqueront sur la femme enceinte le seront (qui déterminera ces effets psychologiques ?).
Pour les mineures de 16-17 ans, retour à la permission obligatoire des parents pour pouvoir avorter. En cas de désaccord entre la mineure et sa famille, une décision de justice devra intervenir dans les quinze jours (quelle justice ?).

Clause de conscience
Avec la précédente loi de 2010, les médecins hostiles à l’avortement pouvaient invoquer la clause de conscience pour refuser de pratiquer cette intervention. Désormais, cette clause de conscience sera étendue à tout le personnel appartenant à la chaîne professionnelle d’un établissement hospitalier pratiquant l’IVG. En plus des médecins, seront donc concernés les auxiliaires, les infirmiers, le personnel administratif et jusqu’aux surveillants. Comme on peut s’en douter, dans ces conditions, il va falloir une sacrée unanimité entre eux pour que personne ne fasse jouer cette clause de conscience et que l’IVG soit possible. À noter une subtilité dans le texte de loi : l’IVG non autorisée constituera un délit pour le médecin qui l’aura pratiquée (jusqu’à trois ans de prison et six ans d’interdiction d’exercer son métier).

L’Église en arrière plan…

Ce projet de loi figurait dans les promesses du candidat Rajoy aux élections de 2011, et il est le fruit d’un long travail de propagande de la Conférence épiscopale espagnole (CEE), qui a organisé une campagne « pro-vie » pour en finir avec la loi de 2010 qu’elle jugeait trop permissive. Le ministre de la Justice a parfaitement entendu leur message. Il aurait d’ailleurs eu du mal à ne pas l’entendre : notre « pauvre » Église a mis le paquet : 150 000 euros de budget, 1 300 panneaux publicitaires, 15 000 affiches, 100 000 cartes, 12 000 exemplaires d’une lettre épiscopale, vidéos, etc. Sans parler des déclarations officielles de cette même Église, lesquelles sont autant de « perles ». Ainsi l’évêque de San-Sébastian y est allé de sa dénonciation de « l’holocauste silencieux de l’avortement ». De même, pour Antonio Cañizares, ministre de la Congrégation pontificale pour le culte et la discipline des sacrements ; « un avortement volontaire est pire qu’un abus sexuel sur un enfant mineur ». Cette magnifique déclaration fait écho à une autre « perle » de l’archidiocèse de Buenos Aires, sortie de la bouche de Jorge Goméz : « Le viol de la foi est 10 000 fois pire que le viol d’une petite fille. » La presse conservatrice espagnole (ABC, La Razón…) emboîte le pas à tout ce joli monde solidaire (le sabre et le goupillon) avec des titres comme : « La grande Espagne se réveille contre l’avortement ». La « grande » Espagne ? Comme un rappel de la devise franquiste : « une, grande, libre ». Et les rappels aux Saintes écritures de se succéder comme, par exemple, ces paroles de saint Paul déterminant le rôle de la femme : « Obéir, servir et se taire. »

Les femmes et les hommes de progrès ne peuvent que s’alarmer d’une telle situation au sein de la communauté européenne et le Franc-Maçon que je suis en appelle aux progressistes de tout poil, chacun dans son quartier, dans son village ou dans son association pour informer, discuter et combattre cette loi inique qui remet en question le droit à l’avortement en Espagne…

Et regardons bien… La France n’est pas si loin de l’Espagne.

Avorter n’est pas une obligation, c’est un droit ! ! !

Espagne ; trente années de combat réduites à néant…

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